Entre désinformation et arnaques, un rapport lève le voile sur un gigantesque réseau de 242 000 fausses pages Facebook


Il ne faut pas plus de quelques secondes pour deviner que l’on a affaire à de faux comptes créés automatiquement. « Pleasant wwg7 », « Delightful rc3 », « Attractive hc2 »… Visiblement nommées à l’aide d’un générateur automatique, ces pages Facebook n’ont rien d’authentique et ne font pas vraiment d’efforts pour le paraître. Cela ne les a pour autant pas empêchés de proliférer sur la plate-forme de Meta, selon un rapport publié mardi 24 octobre par l’ONG Reset, spécialisée dans les sujets numériques.

L’organisation affirme aujourd’hui que ces fausses pages font partie d’un vaste agglomérat d’au moins 242 000 profils inauthentiques. Existant depuis 2021 et toujours en ligne, il s’agit, en volume, d’un des réseaux de désinformation les plus massifs jamais identifiés. Pour l’étudier, Reset s’est appuyée sur une liste de 51 mots, tous synonymes de « beautiful » (« beau ») utilisés pour générer des noms de profils. Si le rapport explique que l’immense majorité de ces pages est quasiment inactive, quelques centaines d’entre elles ont toutefois été utilisées pour diffuser des publicités sur Facebook.

Nombre de ces réclames sont déjà très familières des chercheurs en sécurité informatique et même de l’équipe de sécurité de Meta. Car une partie de ce réseau a servi la campagne de désinformation appelée « Doppelgänger » (ou « RRN » par les services de renseignement français), active depuis le printemps 2022, et considérée comme l’une des plus vastes opérations de désinformation en ligne attribuées à la Russie ces dernières années.

Certaines pages du réseau décortiqué par Reset ont ainsi diffusé, aussi bien en France qu’en Allemagne et dans d’autres nations européennes, des centaines de contenus sponsorisés sur Facebook traitant très majoritairement de la guerre en Ukraine. A chaque fois, ces éléments poussent l’idée que les pays européens ruinent leur économie en aidant l’Ukraine. Ils tentent à la fois d’affaiblir le soutien des populations européennes à l’effort de guerre ukrainien et de faire croire que l’immense majorité des citoyens de l’Union européenne sont opposés à la politique étrangère de leurs gouvernants. L’analyse des dates de création des pages montre qu’elles se sont démultipliées de manière notable quelques mois après le début de l’offensive russe.

« Ubérisation » de la désinformation

Plus étonnant : une partie des pages de ce réseau tentaculaire est également utilisée pour faire la promotion de sites conçus à des fins crapuleuses, selon le rapport de Reset. D’après l’ONG, certaines de ces publicités frauduleuses servaient à pousser des sites d’hameçonnage, destinés à voler les identifiants ou données personnelles de leurs victimes.

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